Laurence Roussin, CPI, chargée de projets dans l’équipe Milieux naturels et aménagement riverain chez Avizo Experts-Conseils, est détentrice d’un baccalauréat en génie des eaux (profil international) de l’Université Laval. Elle a accepté de répondre à nos questions.
Laurence, comment as-tu choisi la profession d’ingénieure des eaux ?
J’ai toujours aimé les sciences. Au secondaire, j’aimais les mathématiques et la physique. Ensuite, j’ai étudié en sciences naturelles au CÉGEP, ça me convenait tout à fait.
C’est vraiment par pur hasard que j’ai entendu parler du programme de baccalauréat en génie des eaux de l’Université Laval pour lequel j’ai obtenu mon diplôme en 2020.
La combinaison des matières scolaires qui forme le programme m’intéressait et j’ai toujours été touchée par la protection de l’environnement. C’est pour ça que j’ai choisi d’étudier en génie des eaux.
Comment se sont déroulées tes études à l’université Laval ?
Les cours des deux premières années du baccalauréat en génie à l’université Laval sont assez généraux. C’est la base de l’ingénierie. On voit les mathématiques de l’ingénieur, les probabilités et la statistique, l’informatique de l’ingénieur, etc. J’ai été un peu moins interpellé par ça.
Mais ensuite, les cours de la troisième et de la quatrième année étaient beaucoup plus à mon goût. C’étaient vraiment des cours en génie des eaux.
Le bac en génie des eaux est très généraliste, on touche à tout ce qui a trait au domaine de l’eau. La production d’eau potable, le traitement des eaux usées, la conception des infrastructures pour le transport de l’eau, l’aménagement riverain, les ouvrages de gestion des eaux pluviales, les infrastructures comme les petits barrages, les digues, etc.
C’est sur le marché du travail qu’on se spécialise ou en continuant d’étudier à la maîtrise.
À quoi ressemble ton travail chez Avizo Experts-Conseils ?
Moi, mon travail chez Avizo Experts-Conseils est plus axé sur l’aménagement des cours d’eau. C’est vraiment cette branche-là du génie des eaux qui m’intéresse.
On commence toujours par une visite de terrain, ensuite on analyse la problématique puis on passe à la réalisation de plans et devis ou de rapports techniques.
On rédige les demandes d’autorisation pour le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) lorsque le projet se réalise, on peut être appelé à aller faire la surveillance du chantier.
Parfois, je travaille sur des projets en milieu naturel d’autres fois en milieu urbain. Je peux travailler à la stabilisation de berges érodées, la création d’habitats du poisson ou l’aménagement de tronçons de cours d’eau par exemple.
On utilise des techniques du génie végétal pour stabiliser les berges. C’est très valorisé par le MELCC. Ça donne des berges et des rives qui ont un aspect plus naturel.
Qu’aimes-tu le plus dans ton travail ?
Ce que je trouve très intéressant, c’est que les projets de mon équipe nécessitent les intrants de plusieurs autres intervenants, comme des biologistes des hydrogéomorphologues, des ingénieurs géotechniques et des agronomes. Nous travaillons constamment avec des professionnels et des professionnelles d’autres domaines. C’est vraiment intéressant d’en apprendre plus sur ces domaines complémentaires.
Chaque projet de l’équipe Milieux naturels et aménagement riverain est unique. C’est un domaine en constante évolution, tout comme la réglementation qui l’encadre. De nouvelles techniques sont toujours mises de l’avant et on contribue à réaliser des projets originaux, c’est très motivant.
Qu’est-ce qui est moins bien connue de ta profession ?
Quand je me présente à des gens et que je leur dis que je travaille en ingénierie des eaux, souvent ils ne savent pas trop ce que c’est. C’est vrai que le génie des eaux, c’est une discipline assez récente.
Auparavant, le génie des eaux faisait partie du baccalauréat en génie civil. Il y a beaucoup d’ingénieurs et d’ingénieures avec beaucoup d’expérience dans le domaine. Ils se sont spécialisés dans le domaine.
Il y a peut-être une dizaine d’années que le bac en génie des eaux de l’université Laval existe. Je pense que les autres universités de la province offrent quant à elles des spécialisations en ingénierie des eaux.
De quoi es-tu la plus fière ?
C’est que, même en début de carrière, j’ai déjà participé à la réalisation de plusieurs plans et devis pour l'aménagement de cours d'eau en collaboration avec des ingénieurs qualifiés comme Marco Binet qui a trente ans d’expérience en aménagement riverain et Neil McLaughlin qui a aussi beaucoup d’expérience dans tous les domaines de l’eau, partout dans le monde.
Je trouve que les plans et devis, c'est un beau produit final. Il y a beaucoup de travail, beaucoup de temps a été passé à les réaliser. Puis lorsqu’on voit ça à la fin, c'est un beau résumé.
Que conseillerais-tu à quelqu’un qui voudrait comme toi travailler en génie des eaux ?
Tout d’abord, ça prend un intérêt pour les sciences et l’environnement.
Le bac en ingénierie, c’est possible. Il ne faut pas en avoir peur. Il faut mettre de côté les stéréotypes, il faut l’essayer.
Ensuite, il faut maintenir son intérêt surtout au début du baccalauréat pour réussir à passer au travers des cours généraux, moins spécialisés. Il faut se rendre jusqu’au cours de spécialisation, ne pas se décourager.
Finalement, il y a plus d’une façon de devenir ingénieur ou ingénieure des eaux. Comme moi, on peut compléter un baccalauréat en génie des eaux. Les programmes de génie civil offrent souvent une spécialisation en hydrologie et en hydraulique. Il y a aussi le baccalauréat en agroenvironnement à l’université Laval qui permet de travailler en ingénierie des eaux.
Ensuite sur le marché du travail, on peut toucher à des projets en aménagement des cours d’eau.
Le génie n’est pas du tout contingenté. Tout le monde qui a étudié en sciences au CÉGEP et même en sciences humaines avec des maths et quelques cours de science pourrait être admis dans le programme de génie des eaux.