L'ENGAGEMENT ET LE LEADERSHIP À L'HONNEUR: ROSE MAROIS

BY MYIAH CATWELL

2024-03-22
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Pour poursuivre la série d'engagement et de leadership des femmes au sein des clubs étudiants, on vous présente Rose Marois, finissante en génie des opérations et de la logistique et la capitaine du club RockÉTS.

Rose, comment est-ce que tu es devenue impliquée dans le club et qu’est ce qui t’as attiré à rejoindre RockÉTS en particulier?

Cette période de ma vie a coïncidé avec un besoin de soutien et d'orientation. J'ai commencé mon baccalauréat pendant la pandémie, vivant alors seule sur le campus dans une période de fermeture généralisée. Bien que j'aie entamé mes études en génie de la production automatisée (GPA), je me suis vite rendu compte que mes compétences préalables n'étaient pas suffisantes pour ce programme. Je me suis alors interrogée sur mon orientation académique, envisageant un changement vers le génie mécanique, qui semblait être la suite logique de mes études en génie aérospatial au cégep. Cependant, je ressentais le besoin de me concentrer davantage sur la gestion. Consciente de mes capacités de leadership, je voulais exploiter pleinement ce talent naturel, jusqu'alors sous-utilisé. C'est ainsi que j'ai finalement opté pour le génie des opérations et de la logistique (GOL), bien que cette décision fût difficile. Malgré des cours qui semblaient moyens au premier abord, ce programme répondait parfaitement à mes attentes et à mes besoins.

Pendant cette période de transition, où je remettais en question mon avenir et ma place dans le monde, un ami ayant déjà terminé ses études à l'ÉTS m'a suggéré de rejoindre un club. Je me suis donc tournée vers le club RockÉTS, ayant toujours été passionnée par l'aérospatiale et l'astronomie. Bien que mon parcours académique se soit principalement concentré sur la mécanique, j'ai rejoint ce club sans hésitation, déterminée à explorer de nouveaux horizons. En discutant avec les autres membres, j'ai réalisé qu'il y avait un besoin de leadership au sein du club, notamment en prévision de la période postpandémique. Malgré mes doutes, j'ai fini par me porter volontaire pour le poste de capitaine. J'étais motivée et présente, prête à recruter de nouveaux membres et à faire progresser le club. Cette décision a été déterminante pour la réussite actuelle du club RockÉTS. Notre succès aux compétitions et notre croissance en tant que l'un des plus grands clubs de l'ÉTS témoignent de l'importance que nous accordons à l'épanouissement personnel de nos membres.

En regardant en arrière, je suis reconnaissante pour toutes les expériences vécues et les leçons apprises au sein du club. Malgré les défis et les erreurs, ces expériences m'ont permis de grandir personnellement et de me préparer à entrer sur le marché du travail en étant une personne plus complète. Parfois, il est nécessaire de saisir les opportunités qui se présentent sans trop se poser de questions, car le succès vient naturellement lorsque l'on est motivé et prêt à investir du temps et de l'énergie dans ses projets.

En lien avec cette idée de prendre sa place, c’est sûr que tu as éprouvé quelques difficultés au début. Comme tu disais venant d’un background technique mais en changeant vers la gestion, comment tu as réussi à prendre ta place concrètement?

Je ne suis pas certaine d'avoir mis en place des actions concrètes, mais j'ai plutôt adopté une approche basée sur la gentillesse. J'ai cherché à me lier d'amitié avec mes collègues pour ensuite leur montrer mes compétences. Mon objectif n'était pas de prétendre que mes idées étaient meilleures que celles des autres, mais simplement de faire entendre mes idées et de démontrer ma valeur.

Souvent, notamment lors de mes stages en ingénierie, un domaine majoritairement masculin, et plus encore dans le domaine de l'aérospatial, j'ai été la seule femme présente. Cette situation peut être intimidante. La société progresse lentement sur cette question, mais il reste encore beaucoup à faire.

Bien que nous devions initialement prouver notre valeur, je me sens désormais moins perturbée par cette réalité. Je suis déterminée à montrer ma capacité et mon intelligence. Je crois quand même qu’il est essentiel d'avoir une certaine confiance en soi, sinon on risque d'être écrasé. Les femmes ont leur place légitime ici, et je crois qu'elles apportent une perspective précieuse aux clubs scientifiques de l'ÉTS. Malheureusement, il n'y en a encore pas assez, tout comme les étudiants en GOL dans ces clubs. Mon rôle dans le club est un peu celui d'un intermédiaire entre les différentes parties, veillant à la communication et au bien-être général des membres. J'ai également beaucoup appris et évolué grâce à mon co-capitaine, qui est vraiment exceptionnel et me laisse prendre ma place.

Comment tu penses que des aspects appris dans le club t’aident au milieu de stage et vice-versa?

Le club fonctionne comme une petite entreprise. Les interactions et les relations avec les gens sont très différentes de ce que l'on trouve sur le marché du travail. Parfois, les grosses entreprises peuvent sembler un peu plus impersonnelles, ce qui a été un défi pour moi. Lorsque j'ai intégré une petite entreprise pour l'un de mes stages, j'ai retrouvé ce sentiment de famille que j'avais au sein du club. C'est davantage l'expérience acquise au sein du club que j'apporte en stage que l'inverse, car le club c’est comme un stage à temps plein toute l'année.

Dans mon lieu de stage, plusieurs personnes ayant fait partie de RockÉTS, que ce soit en tant que diplômés ou en stage, ont été recrutées. Ils ont remarqué mon potentiel ainsi que celui de certains de mes amis, et les ont embauchés. C'est gratifiant de pouvoir continuer à travailler avec ces personnes que j'apprécie énormément. Le milieu aérospatial est petit, ce qui me permet de maintenir ces relations. C’est important de construire un réseau parce que cela permet d'obtenir de nombreux contacts au sein des entreprises.

En particulier pour les personnes en GOL, un programme moins connu et parfois mal compris, il est essentiel de ne pas se limiter aux contraintes imposées par notre programme d'études. Il est primordial de suivre ses passions, car nos connaissances peuvent être appliquées dans divers domaines. Ce qui compte avant tout, c'est notre passion et notre investissement, et il est essentiel de trouver une entreprise qui valorise notre énergie et notre contribution.

En anglais, pour dire que quelque chose n’est pas compliqué, on emploie l’expression “It’s not rocket science!” Pourtant c’est exactement ce que vous faites au sein de RockÉTS! Alors, comment encouragerait-tu les étudiants qui hésitent à rejoindre le club?

Je t'assure que ce n'est pas aussi complexe que cela puisse paraître ! Une fusée, c'est essentiellement un grand crayon, une grande structure creuse qui se sépare en deux parties avec un parachute qui se déploie. Bien sûr, pour actionner cette séparation et le parachute, il y a toute une logique avionique et électrique en arrière-plan, mais nous avons réussi à décomposer cela en différentes parties bien organisées. Nous avons des départements distincts : aérostructure, avionique, propulsion (moteur hybride), ce qui nous permet de décomposer les tâches complexes en petites étapes plus gérables.

Pour ceux qui rejoignent le club, l'apprentissage est considérable. Les premières semaines sont souvent difficiles en raison du jargon technique que nous utilisons, qui est souvent inconnu pour les nouveaux venus. Même avec mon expérience technique en génie aérospatial, je n'avais jamais été exposée à ce vocabulaire. Nous partons tous de la même base et nous développons nos connaissances ensemble. Nous nous efforçons de rendre les concepts aussi accessibles que possible et nous organisons des événements où nous construisons et lançons des mini-fusées d'environ un mètre. Ces événements démontrent aux participants qu'ils peuvent construire une mini-fusée qui fonctionne de la même manière que les grandes fusées. En impliquant les participants dans la construction de leur propre fusée, nous leur apprenons les principes de base, tels que le placement des ailettes et la distribution du poids. Les nouveaux membres observent et apprennent en regardant les membres plus expérimentés. À la fin de ces événements, beaucoup sont inspirés et enthousiastes. Ces événements sont donc extrêmement importants pour notre club.

L'inclusivité est une valeur importante pour moi et notre club la reflète bien. Nous sommes un groupe de personnes au grand cœur, et l'entraide est une idée centrale. Nous entretenons également des relations étroites avec d'autres universités, car nous croyons en la collaboration et en l'échange de connaissances pour faire progresser le domaine aérospatial. Construire un avenir basé sur l'entraide, la patience et la gentillesse est essentiel. Nous croyons fermement que nous pouvons tous apprendre les uns des autres, et c'est ainsi que fonctionne notre club.

Comment arrives-tu à concilier tes études et autres responsabilités avec ton implication dans le club?

Les débuts ont été difficiles. Je suis une personne très organisée ; je note tout dans mon calendrier, sinon je risque d'oublier en raison du grand nombre d'engagements entre le club, l'école, ma famille et le travail. Après une année chargée avec les compétitions, j'étais épuisée ; mon calendrier était rempli du matin au soir. J'ai réalisé que j'avais besoin de temps pour moi, alors le soir venu, je mets mon téléphone de côté et je réponds aux courriels le lendemain, sauf en cas d'urgence.

Il est également essentiel de prendre le temps de bien m'alimenter. L'alimentation équilibrée est importante pour avoir l'énergie nécessaire pour accomplir mes tâches scolaires et pour le club. Au fil de mon parcours en tant que capitaine, j'ai développé des outils pour mieux me connaître et mieux gérer mon temps. Cela implique également un travail acharné.

Trouver un équilibre n'est pas le même pour tout le monde. Il est crucial de reconnaître les problèmes, comme le fait de ne pas bien manger ou de ne pas bien dormir, et de les régler. Il faut également faire preuve de maturité et d'autocritique pour identifier ce qui nous fait sentir bien. J'ai donc appris à être plus patiente avec moi-même, sachant que les autres n'attendent pas de moi plus que ce que je peux donner.

En regardant en arrière que ferrais-tu différemment?

Je pense que je me conseillerais de prendre du temps pour moi, même si on me l'avait déjà dit, je n'ai pas vraiment écouté. Il aurait fallu que je sois plus patiente avec moi-même et que je me donne une chance. C'est une leçon que j'ai apprise au fil des années dans le club, mais j'aurais aimé comprendre dès le début que je n'étais pas obligée de tout faire, que les gens me reconnaîtraient quand même.

On m'a prodigué des conseils, mais parfois, on ne les comprend pas pleinement tant qu'on ne les a pas vécus par nous-mêmes. J'ai dépassé mes limites, j'ai compris où étaient mes limites, et maintenant je peux trouver un équilibre. Nous avons de la chance avec les clubs, car ils nous permettent de découvrir nos limites, nos passions et de se développer.

Qu’est-ce que tu penses est quelque chose le moins connu du club?

Je crois que nous sous-estimons la diversité de notre club. Dans RockÉTS, nous accueillons des membres de tous les programmes d'études de l'ÉTS. Chacun a sa place ici, même ceux qui sont en cours de cursus. Je suis particulièrement enthousiaste à l'idée d'accueillir des étudiants en cursus, car ils restent à l'ÉTS pour une année supplémentaire. En rejoignant notre club, ils auront l'opportunité d'apprendre, d'interagir avec les autres membres. Même après leur troisième année, ils ont encore deux ans devant eux. Ça créer des ‘’experts’’ qui peuvent rester de nombreuses années dans le club.

Ce qui importe, c'est le respect, le travail d'équipe, l'entraide, la patience envers les autres et envers soi-même, ainsi que le droit au repos. Chaque club a sa propre dynamique, donc il ne faut pas se décourager si l'on découvre qu'un club ne correspond pas à ses attentes. Il faut plutôt essayer différentes options et profiter de l'occasion pour s'épanouir tout en contribuant à l'épanouissement des autres.

Quel est ton plus beau souvenir de ton implication dans le club?

Il y a plusieurs moments mémorables, mais parmi les plus beaux, il y a celui où tu observes le lancement de ta fusée. L'ascension ne dure que 40 secondes, suivie d'une descente de 2 à 3 minutes. Pourtant, ces instants sont chargés d'émotions et d'adrénaline. C'est comme si tout le travail accompli pendant des mois et des mois prenait son envol dans les airs, sans que tu aies plus aucun contrôle. C'est un moment de lâcher-prise total, où tu as donné tout ce que tu pouvais, où toute l'équipe a fait de son mieux. Maintenant, c'est à la fusée de faire son travail.

Après les vols, on se serre toujours dans les bras, certains pleurent, moi-même parfois, car nous avons investi tout ce que nous avions dans ces projets. La joie qui envahit nos cœurs à ces moments-là est indescriptible. Même si ça a été difficile, nous avons réussi. C'est ce qui est aussi merveilleux dans le domaine de l'ingénierie : pouvoir développer un projet, le mener à terme et être fier de son travail.

Merci Rose pour nous avoir partagé ton implication et ton expérience dans RockÉTS!

Restez à l’affût pour la prochaine installation de cette série!